mercredi 12 janvier 2011

Le spectacle de la semaine :





C'était au TNBA, et c'était pas si mal que ça... Pour preuve la bande d'ados survoltés derrière moi, trainés ici par une prof motivée (ou naïve), n'a pas moufté d'un poil de pet !
Et quatre étoiles par Télérama aussi tout de même !
Bon, bien sûr, il y a eu des passages "gogoles" comme on dit dans notre jargon, quelques passages assez péjoratifs aussi, mais dans l'ensemble, c'était beau à voir, au sens "esthétique" (mention spéciale pour les figures d'acrobatie !).

Le plateau est incliné, instable, soumis aux lois de la gravité. Un pas de côté du plus fluet des interprètes, et le voilà qui bascule, plonge à bâbord, se cabre à tribord, entraînant avec lui une platine de DJ résonnant de grincements suspects, ou une chaise à trois pieds à la dislocation inévitable. Une trappe qui s'ouvre en son socle, et c'est un type aux airs égarés qui dévale et remonte la pente, suivi de cartoonnesques personnages, trois femmes, deux hommes, acrobates ou danseurs. ­Vêtus de rouge cerise, de vert pomme ou de jaune canari, ils affichent des caractères diversement bien trempés qui ne demandent, évidemment, qu'à se mélanger. Sauf que le moindre rapprochement de l'un vers l'autre menace la stabilité de tous et de chacun. Qu'importe. Les couples vont se faire et se défaire, se jauger, se séduire, se jalouser, rouler des hanches ou des ­mécaniques, s'envoyer en l'air ou sur les roses, au propre et au figuré.

Si le couple ne devait être qu'une question d'équilibre et d'harmonie, Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot n'auraient sans doute pas grand-chose à en dire. Car leur duo se révèle dans le déséquilibre, se nourrissant de ces petites instabilités qui font les grandes traversées. Au départ, le premier est chorégraphe-circassien-­scénographe, le second, compositeur et DJ sorti des Beaux-Arts. A l'arrivée, ils sont Zimmermann et de Perrot, cometteurs en scène et interprètes de spectacles sens dessus dessous. Avec Gaff Aff, leur précédente pièce, ils singeaient la course vaine de l'homme moderne sur un plateau cir­culaire et giratoire en forme de tourne-­disque géant. Sur la scène à bascule d'Oper Opis, entre les jeux sonores de De Perrot et les objets usuels que Zimmermann a toujours préférés aux accessoires de cirque, les fabuleux couples qu'ils invitent ne se complaisent pas dans des démonstrations de virtuosité ostentatoire. Mais contaminent notre imaginaire de la plus touchante manière, déployant une colossale énergie à nous raconter un monde sentimentalement mouvant.

Cathy Blisson

Telerama n° 3089 - 28 mars 2009


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